Musée Labenche / Expositions / Chapelle Saint-Libéral

Les Indes Galantes de Clément Cogitore    

Du 19/05/2021 au 27/06/2021

 
Du 19 mai au 27 juin, l’artiste contemporain Clément Cogitore est à l’affiche de la Chapelle Saint-Libéral où sont projetées Les Indes galantes, vidéo dans laquelle il revisite l'opéra-ballet éponyme créé par Rameau en 1735. Six minutes intenses et inouïes sublimées par un dispositif inédit.
 

Musée Labenche / Expositions
Le film de Clément Cogitore Les Indes Galantes projeté dans la chapelle Saint Libéral à Brive est un court métrage de 5’46 réalisé en 2017, commandé par l’Opéra de Paris pour être diffusé sur sa plateforme virtuelle. Il s’inspire de l’histoire développée dans la quatrième entrée de l’opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau « Les Sauvages » dont il reprend la musique, elle-même influencée par des danses des amérindiens de Louisiane interprétées par le chef des Metchigaema à Paris en 1723.
 
L’opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau conte, dans cette quatrième partie qui sert de base au court métrage de Clément Cogitore, l’histoire d’une rivalité amoureuse sur fond de bataille entre les Indiens et les troupes françaises et espagnoles, entre Adario, chef de la nation indienne et deux soupirants : le français Damon et l’espagnol Don Alvar. Le « bon sauvage » triomphe de ses deux rivaux dans un esprit conforme à la philosophie des Lumières qui critique implicitement, sans les remettre en cause, les justifications civilisatrices du rapport de domination colonial.
 
A l’opposé de cette compétition aimable, Clément Cogitore, accompagné de trois chorégraphes – Bintou Dembele, Igor Caruge et Brahim Rachiki –, choisit de dévoiler la violence du rapport de pouvoir cachée sous le livret de Rameau, le choc entre ces deux cultures, en transposant la scène, avec les mots et les gestes, dans le monde d’aujourd’hui.
 
Le film est tourné dans la pénombre d’une scène dépourvue de décors. La compétition entre les prétendants prend la forme d’un « battle » (une joute) dans une danse urbaine, ici le krump. (proche de la culture hip hop, née dans les ghettos noirs de Los Angeles). La musique baroque de Rameau accompagne les mouvements nerveux de la troupe de danseurs. La caméra alterne des plans rapprochés sur les corps qui se défient au cours de joutes spectaculaires et des panoramiques sur la foule des soutiens qui font cercle autour d’eux.

Les Indes Galantes relue et revue par Clément Cogitore, établissent un parallèle implicite entre « l’autre» d’hier (pour l’œil de l’homme occidental) et celui qui est encore désigné comme tel aujourd’hui. Elles montrent combien les temps concordent à trois siècles de distance sur tant le plan des situations que sur celui de la musique.
 
Le film a reçu plusieurs distinctions : le prix Unifrance du court métrage au festival de cannes, le prix du public au festival du court métrage de Clermont Ferrant en 2018 et une nomination aux césars dans la catégorie meilleur court métrage en 2019.



Clément Cogitore
 
Né en 1983 à Colmar
Vit et travaille entre Paris et Berlin
 
Après des études à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, Clément Cogitore développe une pratique à mi-chemin entre art contemporain et cinéma. Mêlant films, vidéos, installations et photographies, son travail questionne les modalités de cohabitation et de perméabilité entre les hommes et leurs cultures. Il y est question de rituels, de mémoire collective, de figuration du sacré.

Clément Cogitore a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis). Il a reçu le Grand Prix du Salon de Montrouge (2011) pour l’ensemble de son travail de vidéaste, puis le Prix BAL pour la jeune création (2015), le Prix Science Po pour l’art contemporain, ainsi que le Prix Fondation d’entreprise Ricard (2016). Ses films ont été sélectionnés dans de nombreux festivals internationaux (Cannes, Locarno, Lisbonne, Montréal…).  En 2015, son premier long-métrage "Ni le ciel, ni la terre" a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan au Festival de Cannes et nommé pour le César du meilleur premier film. En 2017 il réalise "Braguino", projet filmique et photographique. En 2018, il remporte le prestigieux prix Marcel-Duchamp pour l’installation vidéo The Evil Eye. Dans la foulée du succès du court métrages « Les Indes Galantes », l’Opéra National de Paris lui confie en 2019, la mise en scène de l’intégralité de l’opéra-ballet "de Jean-Philippe Rameau célébrant le 350e anniversaire de sa fondation.


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